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Les nouveaux modes de communication électronique, les réseaux sociaux ou nos omniprésents portables influencent-ils négativement notre propension à aimer notre prochain?
Ou n’est-ce pas plutôt la rupture métaphysique opérée à la fin du XXe siècle, avec l’effacement du christianisme en Occident, la fin du patriarcat, la crise de la famille dite traditionnelle et le triomphe d’une culture hédoniste et surtout individualiste entamé en mai 68, qui redéfinit le cadre social et affectif dans lequel nos sentiments d’amour peuvent s’exprimer?
Historiquement, l’image de l’amour véritable, puissant et constant, fut celle de celui de la mère pour ses enfants. Amour sacrificiel, vivant au-delà de tout, même de la mort: qui peut avouer sans ciller n’avoir pas été bouleversé à la vue de la Pietà de Michel-Ange?
Cet amour inconditionnel de la mère pour ses enfants a toujours fait la différence en matière de protection de l’enfant, de son épanouissement affectif, de sa confiance en lui, de sa réussite scolaire, professionnelle, sentimentale et familiale. Formuler cette vérité toute simple vous fait passer aux yeux des libéraux-libertaires et de leurs enfants boboïsés pour le dernier des réactionnaires: cela n’en reste pas moins une vérité.
La difficulté d’aimer pour l’individu contemporain nourri d’individualisme, dopé à la surconsommation et constamment frustré de désirs inatteignables est celle de ne plus pouvoir aimer quelqu’un d’autre que soi-même.
L’amour de son prochain n’est plus vécu comme une planche de salut. Dans un monde matériel fini où la seule vérité n’est plus l’amour mais la mort, s’occuper de soi suffit à se bricoler un destin en attendant l’inéluctable et définitif «game over». Les autres, même les proches, ne sont plus que les acteurs interchangeables de notre existence.
Seule la poésie peut nous ouvrir une lucarne rafraîchissant notre âme, nous offrir un souffle de transcendance faisant frémir le voile de notre éternité.
John Vuillaume
enseignant et syndicaliste