La société religieuse des Amis en Suisse (quakers) s’est récemment réunie à Aarau. A cette occasion, elle a publié un message au sujet des réfugiés en Suisse, déclaration exprimant ses préoccupations, son témoignage et sa volonté d’élever la voix et d’agir. Nous en reprenons quelques extraits.
Après avoir rappelé qu’un principe central de la foi quaker est que Dieu réside en chaque être humain et que, par conséquent, tous sont créés égaux devant Dieu et les uns par rapport aux autres, la résolution insiste sur les véritables raisons de la situation. «Nous, quakers, reconnaissons que beaucoup de réfugiés fuient des situations dans lesquelles les exportations d’armes en provenance de nos propres pays, les interventions militaires de puissances étrangères, les changements climatiques provoqués par l’homme, les conditions économiques injustes et l’exploitation de ressources non-renouvelables causent la misère, la mort, la destruction de biens et le déplacement de personnes.»
La société religieuse des Amis en Suisse propose des solutions précises:
- la nécessité de s’employer à rétablir la paix de toute urgence partout où il y a des conflits armés. Il s’agit pour les gouvernements d’Europe et de Suisse d’accorder une priorité dans leurs agendas politiques au passage d’une économie de guerre vers une économie orientée sur la paix;
- appeler le gouvernement suisse et les acteurs économiques du pays à intensifier leurs efforts en vue d’éliminer progressivement les exportations d’armes et de matériel militaire. En contribuant à des situations de conflit, non seulement la Suisse s’associe à des pratiques moralement répréhensibles, mais elle contribue à prolonger les guerres, une cause directe des flux migratoires. Le seul vrai résultat des solutions militaires est ce que l’on pourrait exprimer en paraphrasant une citation biblique (d’après Osée 8,7): «Qui sème des arme récolte des réfugiés»;
- demander aux banques et aux entreprises suisses, quel que soit le lieu où elles opèrent, d’élaborer des réglementations qui donnent la priorité à leur responsabilité sociale: pour des sociétés justes, équitables et durables;
- l’introduction d’une «taxe pour la paix» et l’attribution partielle des impôts au travail pour la paix. Cette taxe permettrait aux contribuables de décider eux-mêmes d’affecter tout ou partie de leur versement au maintien de la paix, à la reconversion et à d’autres objectifs non militaires y compris des travaux d’intérêt général.
Les quakers énumèrent ensuite une série de propositions visant à augmenter leur visibilité et l’impact de leur témoignage. Ils veulent notamment:
- soutenir l’appel à la Suisse d’accepter 50.000 réfugiés et de permettre leur réinstallation;
- s’engager, en tant qu’individus, dans ses groupes locaux et au niveau national, à répondre à leur mission aux côtés des réfugiés et des migrants et en solidarité avec eux;
- intensifier les contacts avec d’autres groupes et organismes actifs en matière d’accueil et d’aide aux réfugiés et migrants nouvellement arrivés;
- s’engager individuellement à intensifier leurs efforts pour un style de vie simple, pacifique, durable et équitable, à faible émission de carbone.
La position des quakers devrait faire réfléchir nos autorités car la déclaration est limpide: «Nous reconnaissons que nous sommes tous des migrants et que personne n’est, ou ne peut être considéré comme illégal. De plus, lorsque des personnes cherchent à fuir la guerre, le déni des droits humains et des circonstances contraires à la dignité et à la sécurité de la vie humaine, faire oeuvre de solidarité avec elles et les aider est pour nous un impératif moral.»