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Décembre 2015
Léonore, l’essor et la politique
Auteur : MGJ

Léonore Porchet, 26 ans, est entrée en politique grâce à… Christoph Blocher, ou plutôt à cause de l’accession de ce dernier au Conseil fédéral. Elle n’avait alors que 14 ans. Choquée, (comme beaucoup de citoyens suisses) par cette élection, elle songe très vite à l’écologie. Dans sa famille, ça discute beaucoup, de politique bien sur, mais pas seulement. Plongée dès l’enfance dans un bain familial ouvert sur le monde, la culture, l’art, la justice et la nature, Léonore s’engage pour le devenir des hommes et des femmes et c’est, au delà d’un simple choix politique, un engagement humaniste et généreux qui la motive. C’est chez les Verts qu’elle a trouvé le plus de correspondance à ses aspirations. Aujourd’hui, elle est présidente des Verts lausannois, responsable «Egalité» des verts vaudois. Récente candidate aux élections fédérales, elle a manqué de très peu, (avec plus de 14.500 suffrages) une élection qui aurait fait d’elle la plus jeune élue au Palais fédéral. Son parcours est brillant et exemplaire.

Elle m’a reçu, après une campagne1 longue et épuisante, et pourtant, elle compte bien se représenter à la prochaine législature fédérale. En attendant, les élections communales en 2016, puis cantonales en 2017 ne lui laisseront guère de loisirs. Elle vient de terminer ses études en histoire de l’Art et, avis aux personnes intéressées, cherche un travail. Elle dit d’elle même qu’elle est «pastèque»; verte dehors et rouge à l’intérieur. Sa fibre sociale, très développée, l’engage vers plus de justice au moins autant que son inquiétude face à l’exploitation éhontée des ressources naturelles la conduit vers l’écologie.

Ses engagements les plus chers vont (elle dit ne pas pouvoir hiérarchiser ces deux enjeux) vers une gestion responsable des ressources naturelles et l’instauration d’un revenu de base inconditionnel, versé à tous les citoyens, sans exception. Son engagement écologique est motivé par une meilleure défense des êtres humains qui, selon elle, passe par une protection intelligente de la nature, non agressive, non invasive, respectueuse et économiquement viable et durable. C’est moins la nature elle même que l’homme qui en fait partie, dont elle cherche à améliorer le sort. Si les enjeux liés au carbone restent essentiels, elle affirme que le bonheur de vivre l’est davantage encore. Le royaume du Bouthan est exemplaire et les gouvernements du monde feraient peut-être bien de s’en inspirer; l’INB (Indice National du Bonheur) lui paraît bien plus important que le PIB qui d’ailleurs est calculé de façon très étrange2.

Elle pense que la gauche traditionnelle est majoritairement préoccupée par les questions liées au revenu alors que le mouvement vert s’occupe lui du bien être et de la qualité de vie. Et puis chez les Verts, dit-elle, règne un esprit libertaire (c’est le mot qu’elle a utilisé), nous n’avons pas de consignes de vote, pas de mots d’ordre ni d’ukases, nous voulons représenter les personnes qui nous ont élus, pas une détermination partisane.

Interrogée sur le taux élevé de l’abstention, en particulier celui des jeunes, elle constate avec regrets que beaucoup sont ignorants de la politique. Il s’agit pourtant de leur avenir, mais ils ne savent rien, ignorent même comment exercer leurs droits civiques et s’abstiennent par méconnaissance. Elle souhaite donc que l’éducation civique prenne place dans l’enseignement de façon beaucoup plus importante qu’il ne l’est. Au cours de la dernière campagne, lui sont parvenues des questions qui en disent long sur l’inculture politique et civique. C’est, dit-elle, «hallucinant». D’autre part elle voudrait que tous les candidats, les partis et les associations de soutien (dites associations de campagnes) se soumettent enfin à la transparence totale. Il est parfaitement inique que des «délégués» du peuple se retrouvent membres de conseils d’administration, que leurs mandats passés, présents et futurs (si possible) ne soient pas publiés autrement que sur des sites web peu accessibles et confus. Ces choses doivent être mentionnées lisiblement sur les bulletins électoraux. Léonore est favorable à un Conseil fédéral à neuf membres, dont, bien sûr un ou deux écologistes, et voudrait limiter à trois législatures tout mandat électif.

Pour terminer cet entretien, Léonore insiste sur une notion totalement absente du débat politique, ce qu’elle regrette. Il s’agit du PLAISIR, plaisir de vivre, de respirer, de bouger, de manger sainement, de se cultiver, de s’amuser et de travailler. Dit comme ça, ça peut avoir l’air un peu utopique, mais, Léonore, (et moi avec elle) pense que toutes les avancées ont toujours été, au début en tout cas, un peu utopiques.


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