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Octobre 2015
Victor le conquérant
Lu par : Mousse Boulanger

Victor le conquérant
Raymond Durous
Éditions de l’Aire

Le fils d’un ouvrier italien publie un témoignage édifiant: Raymond Durous raconte la vie de son père et l’arrivée du grand-père fuyant la misère de l’Italie. Nos barrages, nos tunnels, tous les grands travaux du pays ont-ils été exécuté par des ouvriers suisses? Souvenez-vous du drame de Mattmark où une cinquantaine de travailleurs étrangers y ont laissé leur vie. Ces Italiens dont la Suisse ne pouvait pas se passer étaient qualifiés de «macaronis, magutte, rital, tchink, spaghetti, piaf», tous ces qualificatifs exprimant une forte xénophobie. On pourrait peut-être y réfléchir devant l’actuel afflux de réfugiés.

L’auteur de Victor le conquérant montre la réussite d’une intégration parfaite. Intégration par le travail évidemment. Victor, orphelin de mère à deux ans, est placé chez des paysans qui l’ont traité moins bien qu’un animal. Heureusement l’enfant avait une santé à toutes épreuves. Fort, solide, il a résisté à la révolte qui grondait en lui jusqu’à l’âge de seize ans et demi. Alors l’adolescent a éclaté. Prêt à frapper le paysan exploiteur, il a claqué la porte et est parti à Genève où il découvre les luttes ouvrières, le socialisme.

On est au printemps 1927. Victor veut acquérir une formation solide dans la construction. Il travaille comme manœuvre sur un chantier où il apprend la solidarité qu’il manifestera tout au long de son existence. Il a la chance d’avoir comme contremaître Lucien Tronchet qui lui parlera de syndicat, de défense des ouvriers, d’entraide, de fraternité et de liberté. Fort de tout cet acquis Victor viendra à Lausanne où il se marie en 1932 et sera père de deux enfants. Déçu par l’échec de la gauche genevoise en 1936, il restera cependant opposé au capitalisme sauvage qui affame l’humanité.

Il y a dans ce livre une forte réflexion sur la seconde partie du vingtième siècle si remplie d’évènements tragiques et pourtant chargée d’espoir. C’est comme si l’auteur avait réussi à rassembler peines et joie, espérance et désespoir pour nous offrir un bouquet de raisonnements à décortiquer notre vie helvétique. Un livre qui reste imprimé dans la conscience longtemps.

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