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Les demandeurs d'asile africains sont estimés aujourd’hui à plus de 50.000 en Israël. Beaucoup d'entre eux ont passé à pied illégalement sur le territoire israélien, via le Sinaï égyptien. Les réfugiés africains ont commencé à migrer vers Israël à travers la péninsule du Sinaï pour trouver un refuge et du travail depuis environ 2006, avec une nette augmentation de leur nombre en 2007. Fin 2010, il y avait 33.273 migrants africains en Israël, par rapport à 17.000 en 2008, et novembre 2010 a été le mois qui a connu le plus grand nombre d’arrivées. La plupart des nouveaux arrivants fuyaient des circonstances désespérées chez eux et recherchaient la protection sécuritaire en Israël. Les Erythréens et les Soudanais forment les deux groupes les plus importants d’immigrés africains en Israël. La plupart d’entre eux jouissaient d’une protection temporaire sous la forme de «visas de résidence temporaire» renouvelables tous les trois mois, mais vivaient dans la crainte constante que cette protection soit révoquée. Israël se présentait à eux comme le seul pays accessible à pied, possédant un niveau de vie élevé. La première mesure du gouvernement a été de construire une clôture avec le Sinaï, longue de 227 kilomètres. Ensuite, en 2014, dans le cadre d’un plan pour «le retour volontaire», Israël a renvoyé des milliers de demandeurs d’asile africains dans leur pays d’origine, le Soudan et l’Erythrée plutôt que dans des pays tiers, comme le stipule l’accord annoncé... A la fin août 2015, Israël a libéré des centaines de clandestins, détenus dans le centre d’Holot, dans le désert du Néguev suite à une décision d’un arrêt de la Cour suprême. La Cour a également cassé la disposition permettant de détenir jusqu'à 20 mois des clandestins sans jugement. C'est la troisième fois en deux ans que la plus haute instance judiciaire du pays s'opposait à la détention prolongée de clandestins. Cette mesure prise à la suite de pressions d’organisations humanitaires peut paraître positive en soi, mais elle met des centaines de personnes sans protection et laissés à eux-mêmes, affamés ou à la merci des passeurs et des polices de leur pays.
Les migrants libérés, ne savent pas où aller
Les autorités israéliennes leur ont interdit les villes de Tel-Aviv et d'Eilat pour empêcher une trop forte concentration et de possibles tensions avec la population locale.«On ne sait pas où aller, où va-t-on dormir ce soir?» s'interroge un réfugié soudanais de 33 ans, qui réside depuis neuf ans en Israël et qui a passé plus de 20 mois dans la prison d'Holot. «On nous a donné un papier disant qu’il était interdit d’aller à Eilat ou Tel-Aviv alors que c’est là que l’on connaît des gens», regrette-t-il.
Aucune issue possible, des pays à risque élevé
Au Soudan, le gouvernement a commis un génocide au Darfour, et se livre à une persécution politique et ethnique dans le pays. L'Erythrée est un régime militaire, qui enrôle de force ses citoyens dans l'armée et les contraint au travail forcé alors que les femmes servent d'objets sexuels aux soldats. A l'intérieur d'Israël, les demandeurs d'asile sont constamment menacés d'être incarcérés dans le centre de détention d'Holot. Une fois incarcérés, ils sont soumis à un régime de mauvais traitements pour qu'ils envisagent de retourner dans leur pays d'origine. De nombreux rapports décrivent dans le détail des cas où les demandeurs d'asile renvoyés dans leur pays d'origine ont ensuite été torturés ou assassinés.
Face aux critiques suscitées par cette politique de «déportation» du gouvernement, l’Etat israélien affirme que la sécurité des demandeurs d’asile était assurée et qu’un groupe de travail avait été mis sur pied pour suivre la situation. Mais des enquêtes menées par des organisations d’aide aux réfugiés ont mis en doute ces affirmations. Une forte pression existe pour que les requérants soient évacués du territoire même sans leur consentement. Selon l’ONU, «les autorités israéliennes ont privé les migrants d’accès à une procédure équitable et efficace en vue d’obtenir l’asile pour ensuite exploiter leur statut légal précaire comme prétexte pour les détenir illégalement ou les menacer d’une détention illimitée, forçant des milliers à partir.» (août 2015).
Cycle infernal
Que va-t-il advenir de cette population maltraitée, qui n'a plus de choix? Ceux qui, sous pression, sont retournés dans leur pays d'origine, prennent des gros risques pour leur vie et leurs libertés. A la suite de leur emprisonnement à Holot, leurs esprits ont été brisés. Lancés dans le désert, en l’absence de programme de réintégration, ils deviennent des parias sans travail et sans toit: un cycle infernal dont les pays européens ne peuvent pas se glorifier, entourant leurs pays par des barbelés et des murs qui creusent encore plus le désespoir des immigrants africains.