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Non, les membres du comité rédactionnel de l’essor ne possèdent pas le don de prémonition. Aucun d’entre eux n’avait prédit le lâche attentat qui a eu lieu le 7 janvier et qui a décimé la rédaction du journal Charlie Hebdo. Certes, nous savions que des journalistes étaient, par fatwa, menacés de mort pour avoir osé publier des caricatures de Mahomet. Mais nous ne pensions pas la menace si sérieuse. Après tout, Salman Rushdie est encore en vie, malgré la publication de ses «Versets sataniques».
Mais le hasard a fait que notre dernier numéro était consacré à la situation de la presse et à la liberté d’expression. Des journalistes, des femmes et des hommes se sont exprimés pour dire qu’il ne devait y avoir aucune censure, qu’elle soit imposée par l’éditeur ou pratiquée par le journaliste lui-même. Depuis 110 ans, l’essor est fidèle à sa ligne rédactionnelle qui s’articule autour des quatre principes de sa charte (qui fête ses dix ans cette année): la cause de la paix, la pratique de la solidarité, le respect de la vie et l’ouverture à la créativité. Nous n’avons jamais transigé sur nos valeurs mais nous avons toujours utilisé un ton mesuré. C’est sans doute pour cela que nous n’avons jamais reçu la moindre menace.
À sa manière, Charlie Hebdo était un lanceur d’alerte, comme le souligne l’article que nous publions en page 7. Ses collaborateurs, par la seule magie de leurs crayons, savaient dénoncer les petits et les grands scandales, osaient dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas, faisaient rire ou pleurer. Mais, derrière la rigueur du dessin, se cachaient une grande sensibilité et surtout un profond amour pour les êtres humains.
En s’attaquant à un journal, des hommes prétendant agir au nom d’Allah ont voulu assassiner la démocratie. Quelles que soient nos convictions politiques, philosophiques ou religieuses, nous devons tous lutter pour que de tels actes ne se reproduisent pas. Nous devons dénoncer l’intégrisme, le fanatisme et l’intolérance. Il y a des barbares qui utilisent la religion pour justifier leurs actes. Alors, disons clairement que la violence est une insulte au christianisme, à l’islam, au judaïsme, à l’hindouisme, au bouddhisme et à toutes les autres croyances.
Outre l’attaque contre la liberté d’expression, les assassins cherchaient aussi à stigmatiser les musulmans et à faire d’eux des victimes. Les Français comme les Suisses ne sont pas tombés dans le piège de l’amalgame. C’est une grande victoire pour la démocratie et une défaite cinglante pour les extrémistes.
Comité rédactionnel de l’essor