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Juin 2014
Un an après sa mort, il nous manque !
Auteur : Pierrette Iselin

Hommage à Stéphane Hessel (23 octobre 1917 — 28 février 2013)

Le 28 février 2013, un être d’exception nous a quittés: Stéphane Hessel, «citoyen sans frontières». Il est de ces êtres qui ont parcouru le siècle et qui ont profondément marqué plusieurs générations. Comme le dit Michel Warschawski, dans son édito du Courrier du 28 février 2014, il a été à la fois «un acteur et une conscience morale».

Un acteur, parce qu’il s’est profondément impliqué par sa personnalité dans des causes multiples: son engagement antinazi, sa lutte pour les sans-papiers, pour les droits universels de la personne et de concert avec sa femme Christiane l’élaboration de ce petit opuscule qui a révolutionné le monde contemporain en résistance: «Indignez-vous !» dont il dit dans la préface: «Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé».

Aujourd’hui, un an après sa mort, il est nécessaire de mettre en évidence un de ses derniers choix politiques majeurs, celui de son engagement, avec sa femme auprès des Palestiniens et de leur lutte pour leurs droits et leur liberté. Ce choix a exigé de lui un très grand courage. Il s’est lancé dans la mêlée, conformément à ses principes éthiques et il est descendu dans l’arène.

«Mon expérience personnelle au fil des ans m’a convaincu que ne rien faire est la pire des solutions», nous confiait-il en mars 2011, à l’occasion de sa participation au Tribunal Russel. La politique d’occupation israélienne l’a placé devant ce choix décisif: se taire ou s’engager. Il ne s’est pas tu, contrairement à de nombreux intellectuels, mais il a dénoncé les conséquences du comportement «brutal et sanguinaire de l’État juif» (article de M.W. cité).

Ses voyages en Palestine, surtout à Gaza l’avaient profondément marqué. Il a pris position pour la survie de Gaza et la dénonciation du blocus après l’attaque meurtrière de décembre 2009. «Gaza, disait-il en juin 2009, reste debout face à la mer. Avec des hommes et des femmes décidés à préserver leurs capacités artistiques, créatrices et humaines. Cependant aucun projet de développement n’est sérieusement envisageable tant que le blocus continue. C’est la première et la plus urgente des exigences que les démocraties doivent imposer. La survie d’un million et demi d’êtres humains en dépend

Stéphane Hessel a été un grand héros de la Résistance; aujourd’hui il reste pour nous une boussole à laquelle notre engagement peut continuer à se raccrocher. «En ce XXIe siècle, les peuples ne peuvent plus accepter que leurs droits soient bafoués pour des intérêts privés, notamment financiers. Un changement global des mentalités est aujourd’hui nécessaire. Il conditionne le règlement de tous les conflits dans le monde, y compris le conflit israélo-palestinien» (page 122, Stéphane Hessel et Elias Sanbar, Le rescapé et l’exilé, Edition Don Quichotte, 2012).

À la fin de chaque meeting ou rencontre, Stéphane Hessel se levait et récitait un des nombreux poèmes qu’il avait appris par cœur: «Ainsi le désir est né en moi, à la fois brusque et impérieux comme tout vrai désir, mais ensuite hésitant et intimidé, de communiquer à d’improbables lecteurs ma longue expérience de l’émotion poétique et aussi la sorte de liberté que cette émotion distille lorsqu’on atteint le seuil de la mort» (Ô ma mémoire, La poésie ma nécessité, page 11, Editions Points).

Terminons sur son héritage livré à Elias Sanbar (op. cit. page 174): «Je voudrais vous donner à méditer un vers, un seul, qui aidera les jeunes générations à entreprendre, poétiquement et politiquement, la construction d’une société radicalement nouvelle par rapport à celle dont nous déplorons l’existence de nos jours». Il est extrait de La jolie rousse de Guillaume Apollinaire: «Nous voulons explorer la bonté, contrée énorme où tout se tait».

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