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Octobre 2013
Entre Terre et Ciel
Auteur : Christian Rey

Nous sommes tous nés d'une mère et d'un père.

Pour le cerveau, la mère nous relie à la terre et le père au ciel. La mère à la matière, le territoire, l'amour du prochain; et le père à l'esprit, la direction, la confiance en soi.

Dès lors, tout ce que nous percevons de féminin et de masculin nous ramène toujours à nos parents. Par exemple, si vous êtes meilleur en géographie qu'en histoire, c'est que vous êtes plus à l'aise avec votre mère que votre père.

Si vous avez besoin de magnétiser, c'est parce que maman vous manque.

Si vous devenez électricien, c'est parce que vous avez un conflit de communication avec votre père.

Souvenez-vous que le couple est la base de la famille et que la famille est la base de toute société. Le lieu de naissance, la manière de venir au monde et l'ambiance, déterminent notre façon de nous comporter et d'œuvrer dans l'existence.

L'état dans lequel une mère accouche programme notre manière d'agir dans le monde!

Le théâtre de l'adulte n'est que la reproduction de celui de son enfance.

Quand un enfant naît à l'hôpital, il n'est pas sur son territoire familial, il est en danger. Lorsqu'un enfant ne grandit pas chez lui, il devient un adulte qui se sent étranger en société. Plus je suis séparé avant d'être sevré, plus de séparation je revivrais.

Voilà pourquoi les premières années de vie en famille comptent pour le reste de l'existence.

L'ignorance des Lois de la Nature engendre la peur et le vain désir de tout contrôler.
— Terry Chaisin

Je suis né en France, de père suisse Broyard et de mère germano-gaélique. Habitant dans 4 pays et déménageant 46 fois à ce jour, changeant d'école et de camarades presque chaque année, je me sentais déstructuré, sans cadre, continuité et sécurité. La souffrance dans mon corps de tout ce qui m'environnait, car je me sentais perdu, ignorant et maladroit. Obligé d'aller en moi, de trouver mes ressources à l'intérieur, d'avoir des valeurs, un but, un idéal pour survivre!

Puisque la matière n'existe pas, parce que je ne peux accéder à la stabilité du monde extérieur et encore moins le conserver, je suis allé chercher dans l'invisible, la spiritualité, la lumière, la connaissance.

C'est ensuite par les sens / l'essence que je compris que le spirituel n'était qu'une recherche du père, soit une fuite de la mère et que le monde matériel n'était qu'une recherche de la mère, de l'amour, soit une fuite du père et je compris que l'équilibre, le bien être, la sagesse, la paix intérieure était dans la voie du milieu.

La réconciliation des extrêmes (matière et esprit) consiste à me libérer des conflits parentaux et des erreurs, des errances de mes ancêtres et d'honorer leur sagesse.

Car souffrir, c'est se tromper de chemin et guérir c'est d'abord comprendre, afin de pouvoir faire la paix. Faire la paix c'est se libérer du besoin insatiable d'amour et de reconnaissance familiale, sociale et morale.

D'ailleurs le mot religion signifie réunion et son sens en sanskrit est yoga et en chinois kung-fu.

À 22 ans, j'avais soif de voyager et j'apprends par un proverbe taoïste que: plus tu voyages et plus tu te perds. Aujourd'hui, je comprends son sens et je réalise mes difficultés à développer des liens de longue durée, car pour cela, je dois m'arrêter sur la bonne terre et planter racine pour croître, vivre et apprendre, afin de pouvoir construire et créer!

La vie n'est pas une ligne droite, la vie est cyclique; ainsi comme une maladie, une souffrance non résolues dans une famille se reproduiront, tous comme les pays qui s'allient et se font la guerre, ce sont les mêmes répétitions et cela, jusqu'à la prise de conscience qui seule nous libère et l'amour qui seul engendre la paix et la guérison.

Tableau des épreuves et des défis de grandir déraciné

Épreuves des déracinés

  • Se sentir étranger partout,
  • rejeté, abandonné, humilié,
  • méfiance, moquerie, méchanceté,
  • difficulté à construire à long terme,
  • peine à se faire des ami(e)s,
  • doit prouver/faire ses preuves,
  • je suis le nouveau, l'étranger, l'inconnu,
  • incompréhension, injustice, séparation,
  • projets avortés, pertes, douleur,
  • exclusion, départs, fins,
  • timidité, maladresse, grande solitude,
  • fatalité, peur, terreur, silence, absence,
  • fuite, isolement, bouleversement,
  • fragilité affective, dépendance affective,
  • changements d'humeur fréquents,
  • soif d'absolu, testé, mise à l'épreuve,
  • bizutage, personne pour te défendre,
  • mis au pied du mur, acculé,
  • aimer désespérément, désespoir.

Défis des déracinés

  • Ouverture d'esprit,
  • vue globale, holistique,
  • plusieurs points de vue, esprit de synthèse,
  • association d'idées, analogie,
  • perceptions stimulées très tôt,
  • plus grande écoute intérieure,
  • adaptabilité, réflexe, observation,
  • camouflage, théâtre, mimétisme, polyvalence,
  • apprendre vite, mûrir vite,
  • apprendre seul, par soi-même,
  • pourtant apprendre à demander,
  • à accepter, à comprendre, à réfléchir, à raisonner,
  • tolérance, indulgence, humilité,
  • prudence, recul, observation, lucidité,
  • stimule les valeurs, affirmation de soi,
  • aimer tout le monde, avec intensité,
  • faire de nombreux contacts faciles,
  • connaître des tas d'adresses, des lieux divers,
  • beaucoup d'expériences et de découvertes,
  • le corps est perçu très jeune comme sa maison,
  • obligation d'être fort pour de vrai,
  • force intérieure, ressources en cas de danger,
  • nécessité d'affronter les épreuves,
  • renouveau, fraîcheur, spontanéité,
  • débrouillardise, survie, autonomie, maturité,
  • prévoir, organiser, discipline,
  • endurance morale, philosophie de l'existence,
  • solitaire mais solidaire,
  • loyauté, honnêteté, idéal,
  • envie de faire la paix.

Aujourd'hui mon cœur me ramène sur la terre des arbres, des chevaux et des ours d'antan.

La Suisse, c'est ma «Terre Ceinte».

Christian Rey
École de l'Arbre
www.ecoledelarbre.ch

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