Depuis plusieurs semaines, le personnel de l'hôpital de La Providence à Neuchâtel se bat, avec l'appui des syndicats Syna et SSP (Syndicat suisse des services publics) pour défendre ses droits face à une direction qui veut se vendre au groupe Genolier. En particulier, il lutte pour:
- conserver sa convention collective de travail (appelée CCT Santé 21).
- éviter toute externalisation de services (nettoyages, restauration, buanderie etc.) à des entreprises privées.
- éviter les licenciements.
Crispations, maladresses du Conseil d'État, office cantonal fantôme de conciliation en matière de conflits collectifs, pressions inacceptables de la Direction de la Providence sur son personnel, diktat du groupe Genolier, attitudes peu claire d'Hôpital neuchâtelois, tensions globales et historiques sur le dossier hospitalier neuchâtelois, tous les ingrédients sont réunis pour une sortie difficile de ce conflit où ce sont les salariés qui s'avèrent être les principales personnes touchées.
Ah, si la plus haute dignité de l'État
était la dignité humaine !
Stanislaw Jerzy Lec
Après de longues discussions et conciliation avec le Conseil d'État puis avec l'autorité cantonale de conciliation en matière de conflits collectifs de travail, le combat entre aujourd'hui dans une phase plus conflictuelle. La Direction la Providence a fait passer en force son projet de rachat par Genolier (avec des conditions de travail péjorées) et menace de licenciement quiconque refuserait ce projet. Si le personnel a été majoritaire à voter « sous la contrainte » et par « manque d'alternative » l'acceptation de la reprise par Genolier, il reste farouchement décidé à lutter pour le maintien de la CCT Santé 21. Il n'est pas acceptable que le canton verse 11 millions pour l'année prochaine à la Providence/Genolier sans exiger le maintien de la CCT Santé 21. Le Conseil d'État en a légalement et politiquement les moyens et l'obligation.
Formalisation d'un mouvement de soutien aux salariés
De nombreuses forces syndicales et politiques (mais pourquoi aucun parti de droite?) ont estimé nécessaire de mettre en place un comité de soutien au personnel en lutte de la Providence qui mène un combat légitime. Ce réseau devra permettre de mobiliser si nécessaire, de rendre visible et faire entendre les attentes des citoyen-ne-s et organisations qui veulent que là où des missions hospitalières publiques et des subventionnements cantonaux sont octroyés, la CCT Santé 21 soit strictement appliquée.
La dignité est dans la lutte, elle n'est
pas dans l'issue du combat !
Pierre Billon
www.solidarite-laprovidence.ch) a déjà permis de recueillir plusieurs centaines de signatures. Davantage que de grandes phrases, nous préférons publier un petit florilège des commentaires accompagnant ces signatures.
- Un collaborateur scientifique de Neuchâtel: « Je suis proprement scandalisé par le chantage au licenciement exercé par la direction; c'est du mobbing à grande échelle ».
- Un retraité de La Chaux-de-Fonds: « En pensée avec tout le personnel toujours si accueillant et compétent, et un appel pressant aux autorités pour qu'elles agissent enfin et énergiquement pour éviter un désastre trop annoncé ».
- Un technicien en archéologie de Neuchâtel: « Plein soutien à votre lutte exemplaire qui montre la voie à de nombreux travailleurs en butte aux diktats d'actionnaires cupides ».
- Un formateur social de Neuchâtel: « Un hôpital sans convention collective est une maladie nosocomiale programmée ».
- Un électronicien retraité de Boudry: « Albert Jaccard a dit: le 21e siècle sera solidaire ou ne sera pas! A nous de choisir maintenant… ».
- Un médecin retraité de La Chaux-de-Fonds: « Privatiser la santé serait abdiquer d'un droit de tous en faveur des privilèges de quelques- uns ».
- Une députée vaudoise: « Quel gâchis! Cet hôpital a longtemps été dirigé avec intelligence et humanisme. Dénoncer une CCT est un acte grave d'une bassesse méprisable. Courage au personnel, surtout ne pas céder, ne pas se donner en pâture aux vautours...».
- Un médecin français: « Le droit à la santé est universel et les conditions des soignants le garant de la poursuite des soins à tous ».
- Une fonctionnaire d'Avenches: « Les coupes budgétaires ne se font pas là où elles doivent être faites. Le personnel soignant travaille toujours plus en ayant de moins en moins de temps pour les patients. L'être humain n'est pas un robot ».
- Un cardio-technicien de Genève: « Le fric est en train de détruire tout humanité, les soins ne sont pas qu'une affaire de fric, mais d'humains qui doivent pouvoir donner des soins avec entrain ».
- Un électronicien de La Chaux-de-Fonds: « Intégrer un groupe coté en bourse, c'est favoriser l'exploitation du personnel et multiplier les actes médicaux/chirurgicaux au nom du profit. Les victimes sont: le personnel médical, les patients et les assurés qui paient les primes pour les actes prodigués ».
- Un imprimeur vaudois: « Par les temps qui courent, voir des travailleurs se battre pour leurs droits et leur dignité, cela fait chaud au cœur ».
Il revient à chacun de privilégier le droit à la
dignité plutôt que le droit d'être le plus fort
Jacques Attali
Ces commentaires en disent long sur le soutien apporté au personnel de l'hôpital de la Providence. Le Conseil d'État neuchâtelois a jusqu'ici renié ses propres arrêtés. Il est temps pour lui maintenant de choisir entre la défense du personnel d'un hôpital et les intérêts personnels d'une poignée d'actionnaires pour qui la médecine est avant tout un moyen de gagner de l'argent.