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Avril 2012 °
Auteur : François Iselin
Il y a trente-trois ans, chacun en Suisse romande pouvait tout savoir sur les dangers de l'amiante. Il leur suffisait de lire la rubrique «Un médecin vous parle» bien en vue, à la page deux du journal 24 Heures des samedi-dimanche 12-13-avril 1975. Tout ce que les scientifiques savaient et publiaient depuis un siècle y est correctement résumé. Le patronat suisse, les autorités, les partis, les syndicats, les médecins étaient donc dûment avertis par ce premier article de vulgarisation scientifique, puis par les innombrables autres qui ont suivi jusqu'à l'interdiction de l'amiante, 15 ans après.
Mais il aura fallu 20 ans pour qu'Eternit cesse de l'utiliser et 37 ans pour que son grand patron, Stephan Schmidheiny écope d'une première peine de prison pour les milliers de morts qu'il a provoqués en Italie. D'autres procès suivront, tant contre lui que contre ses émules qui exploitent l'amiante sans scrupules dans les pays qu'ils soumettent par le mensonge et la corruption.
Qu'en sera-t-il de la distribution des milliers de produits suspectés d'être toxiques, cancérigènes ou mutagènes mis sur le marché depuis l'apparition de l'amiante-ciment il y a un siècle? Comment est-il possible d'imposer aux multinationales le principe de précaution pour interdire les substances suspectées d'être cancérigènes, les médicaments frelatés, les prothèses nuisibles, les OGN, les émissions de micro-ondes, les rayonnements radioactifs…? Faudra-t-il, comme pour l'amiante, des décennies de souffrances et des milliers de morts pour mettre fin à la criminalité patronale?