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Avril 2009 °
Un projet de politique de sécurité moderne
Auteur : Claudette Bovet

C'est avec intérêt que je me suis aventurée dans le labyrinthe de l'armée pour essayer de définir quelques termes importants. J'ai ainsi appris que le Département militaire fédéral est devenu «Département de la défense, de la protection de la population et des sports» (DDPS).

J'ai ensuite découvert, avec satisfaction, que les organes politiques (Conseil fédéral et Parlement) ont leur mot à dire au sujet des missions de l'armée (Constitution fédérale, 18.04.99). Je cite quelques-unes de ces missions (liste non exhaustive), définies par le DDPS, dans l'ordre chronologique: prévention de la guerre, défense de notre pays et de notre population (1990), sauvegarde des conditions d'existence, des institutions suisses, des libertés et des droits des citoyennes et des citoyens (1993). Dans les Plans directeurs de 1995, 1999 et 2001, ainsi que dans le Rapport sur la politique de sécurité de la Suisse 2000 (1999), de nombreuses précisions sont apportées concernant les termes «Défense/Armée» et «sûreté sectorielle et défense». En ce qui concerne la défense contre de nouvelles attaques: «… Nos soldats doivent aussi apporter leur appui à la police contre le chaos pouvant surgir au World Economic Forum, en cas de catastrophes naturelles et lors d'attaques terroristes…» (Déclaration de Fulvio Pelli, PRD, TI, débat spécial consacré à l'armée, Conseil national, 01.10.08).

En relisant ces textes et ces lois sur le rôle de le l'armée (sur le site du DDPS «Défense nationale» et devenu «Défense/Armée»), il m'est apparu que beaucoup de choses avaient changé: l'union sacrée autour de l'armée lors de la seconde guerre mondiale a renforcé la conviction qu'une majorité de citoyens pouvaient s'identifier à l'armée. Certains événements ont ébranlé ces certitudes: l'initiative du GSsA en 1989 où un tiers des Suisses exprimaient leur désaccord en votation populaire par rapport au rôle de l'armée; un contexte d'insécurité sociale, économique et environnementale ont rendu très complexe le concept de défense. Un débat récent sur Arte examinait de façon intéressante comment, en Occident, après le 11 septembre 2001 et depuis la crise financière, les citoyens ressentaient la peur et l'insécurité. Qui peut (ou doit) nous défendre et contre quels dangers? On a parlé dans ce débat du rôle de l'information: à toute heure du jour et de la nuit, chacun est informé sur l'état du monde; les conflits internationaux et de proximité, incluant les faits divers tragiques ou «intéressant les sociologues» sont relatés avec la régularité du métronome! Quelle protection avons-nous? Le débat actuel sur le passeport biométrique montre bien que la protection de la sphère privée est fondamentale pour les citoyens. Dès lors, comment réguler la question des caméras de surveillance (souhaitées par l'Etat?), des puces électroniques de tout genre qui renseignent quelqu'un (non clairement identifié) sur vos déplacements, vos «fréquentations», vos achats, vos réunions politiques…? La jeunesse ressent intensément ce malaise, même si cette même jeunesse applaudit des deux mains à chaque apparition d'une nouvelle technologie: le fait d'être observé, jugé, évalué et «enregistré»à tout instant sur nos lieux de vie nous met la tête à l'envers (sans être parano!)

Le rapport sur la politique de sécurité 2009 aura, selon le DDPS, «une large assise et une grande transparence». Entre le 27 février et le 24 avril 2009, 46 organisations et personnalités de Suisse et de l'étranger seront consultées (auditions). J'attends les résultats de cette consultation avec impatience!

Voici quelques propos de nos conseillers nationaux lors du débat spécial consacré à l'armée (session d'automne du Conseil national, 1er octobre 2008) : «Un grand nombre d'entreprises internationales et nationales, des banques et des compagnies d'assurances choisissent de s'établir en Suisse parce qu'ici règne la stabilité, la sécurité et la neutralité. L'armée contribue de manière déterminante à maintenir la sécurité» (Thomas Hurter, UDC, SH). «Le projet de politique de sécurité moderne, que nous demandons au Conseil fédéral d'élaborer, doit tenir compte des nouveaux risques et intégrer l'égalité entre les hommes et les femmes. La mise en place d'un service volontaire, civil ou militaire, pour toutes et tous remplirait ces deux objectifs…» (Maria Roth-Bernasconi, PS, GE). «La bourgeoisie politique de ce pays n'a jamais été aussi divisée qu'aujourd'hui au sujet de l'armée. La chose la plus intelligente à faire dans cette situation de crise, c'est un arrêt de marche militaire, une pause de réflexion civile, un moratoire financier» (Jo Lang, Les Verts, ZG).

J'aimerais encore citer l'article 2 de la Constitution: «La Confédération a pour but d'assurer l'indépendance de la patrie contre l'étranger, de maintenir la tranquillité et l'ordre à l'intérieur, de protéger la liberté et les droits des confédérés et d'accroître leur prospérité commune».

Quant à moi, je me pose la même question que Mathieu Menghini, directeur de Forum-Meyrin: «La dignité de l'être tient-elle à son intranquillité?».


« La paix universelle se réalisera un jour non parce que les hommes deviendront meilleurs (il n'est pas permis de l'espérer); mais parce qu'un nouvel ordre des choses, une science nouvelle, de nouvelles  nécessités économiques leur imposeront l'état pacifique »
Anatole France

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