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L’Europe est une longue histoire, faite d’espoirs et de déceptions, de succès et de défaites. Elle a été longtemps un terrain de violence; elle peut devenir un modèle de paix. Elle a été un des berceaux de la civilisation; elle peut être une lumière pour le monde de demain. Après des siècles de guerres, de conquêtes et de massacres, les peuples européens ont enfin compris que leur survie était liée à la coexistence pacifique. Le Siècle des Lumières a ouvert la porte à une nouvelle ère d’universalisme et les ravages des deux guerres mondiales ont fait prendre conscience de la nécessité de résoudre les conflits par le dialogue.
Différentes tentatives de construire l’Europe et de rapprocher ses peuples ont échoué par le passé. On peut donc admettre que la véritable histoire moderne de l’Union européenne a commencé en 1957 avec le Traité de Rome signé par la France, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. Dans son article 2, ce traité affirme: «La Communauté a pour mission, par l’établissement d’un marché commun, d’une Union économique et monétaire et par la mise en œuvre des politiques ou des actions communes, de promouvoir un développement harmonieux et équilibré des activités économiques dans l’ensemble de la Communauté, une croissance durable et non inflationniste respectant l’environnement, un haut degré de convergence des performances économiques, un niveau d’emploi et de protection sociale élevé, le relèvement du niveau et de la qualité de vie, la cohésion économique et sociale et la solidarité entre les États membres».
Le Traité met en œuvre certains outils pour réaliser ses objectifs, essentiellement la libre circulation des marchandises (la libre circulation intégrale des personnes viendra plus tard), passant par l’élimination des droits de douane et des restrictions à l’importation. En gros, on peut dire que l’Union européenne s’est articulée à ses débuts autour de deux grands axes: une union douanière et une politique agricole commune.
Au cours des années suivantes, un débat passionné s’est ouvert au sujet de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun. Le général de Gaulle y était fortement opposé, craignant que l’entrée du Royaume-Uni ne rapproche trop l’Europe d’une vision atlantiste ou remette en cause les règles de la politique agricole. Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Georges Pompidou pour que cette entrée britannique redevienne envisageable. Finalement, le premier élargissement survient en janvier 1972 lorsque l’Irlande, le Royaume-Uni, le Danemark et la Norvège signent un traité d’adhésion. Cependant, par référendum, la Norvège rejette cette adhésion et laisse l’Europe se construire à neuf États.
Trois nations libérées de leurs dictatures vont bientôt rejoindre l’Europe: la Grèce en 1981, l’Espagne et le Portugal en 1986. Quelques années plus tard, un événement majeur va venir bouleverser le paysage de la carte européenne: la chute du mur de Berlin et, dans sa foulée, la réunification allemande. Cette réunification déplace vers l’est le centre géopolitique d’une Europe qui se positionne très favorablement pour accueillir dans son giron les nations issues du bloc de l’Est. L’élargissement se poursuit en 1995 avec l’entrée de la Suède, de la Finlande et de l’Autriche.
Le 1er mai 2004, dix nouveaux Etats rejoignent l’Union: Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République slovaque et la Slovénie. Enfin, en 2007, c’est la Roumanie et la Bulgarie qui montent dans le train de l’Europe. Six wagons en 1957, 27 en 2007: le convoi s’est considérablement allongé en cinquante ans. Et, aujourd’hui déjà, de nouveaux Etats frappent à la porte: les républiques de l’ex-Yougoslavie, l’Ukraine et la Turquie notamment. On n’est plus très loin de cette fantasmatique vision d’une Europe s’étendant de l’Atlantique à l’Oural.
Pour toutes ces nations, il s’agira avant tout de remplir les critères de convergence et d’assimiler le contenu des traités (Rome, Amsterdam, Maastricht, Nice), voire de préparer leurs opinions publiques aux sacrifices préalables à l’entrée dans l’Union. Car les traités, au-delà des propos solennels, prévoient souvent des mesures drastiques visant à rendre l’Union compétitive au niveau international et à ne pas freiner la croissance de ses membres les plus riches.
De nombreux observateurs politiques estiment que la construction européenne se trouve bloquée sur des points importants. De plus en plus souvent, l’unanimité requise est un obstacle insurmontable à de nouvelles avancées et une arme trop puissante aux mains de personnalités politiques peu sensibles à la cause européenne (Margaret Thatcher notamment). Et surtout, la population européenne, dont l’avis n’est sollicité que tous les cinq ans (pour élire le Parlement), exprime de plus en plus clairement son scepticisme quant à la transparence des institutions.
À l’actif de l’Union européenne: l’introduction d’une monnaie unique utilisée dans plusieurs pays et un cer-tain rééquilibre économique dans les pays du Sud et de l’Est. Au passif: l’incapacité de certains États de faire passer l’intérêt général avant leurs intérêts particuliers et l’alignement de plusieurs d’entre eux sur la politique américaine.
Aujourd’hui, l’Union européenne est en manque d’une Constitution, le projet proposé ne faisant pas l’unanimité. Les gouvernements disent oui et les peuples, lorsqu’ils sont consultés, disent généralement non (France et Hollande). Ces positions antinomiques montrent bien qu’il existe un énorme déficit démocratique au sein de l’Union européenne et que la construction de l’Europe ne pourra pas se faire sans l’appui de ceux qui sont directement concernés, c’est-à-dire les Européens eux-mêmes. La légitimité d’un gouvernement supranational doit être dans les mains du peuple et non dans celles des élites.