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Février 2007
Réhumanisons nos entreprises
Auteur : Nicolas Wuillemin

Une des revendications principales de nos deux mouvements de grève à l’usine Boillat, à Reconvilier, était ce que nous avions convenu d’appeler, «La réhumanisation des conditions de travail dans notre entreprise»

Aujourd’hui, la dégradation de ces conditions de travail doit être qualifiée d’inhumaine et représente un réel danger pour la santé et le psychisme d’une majorité de salariés. Demandez aux travailleuses et aux travailleurs s’ils sont heureux à leur place de travail et vous vous rendrez compte de l’étendue des dégâts. De plus en plus, certains parmi eux avouent «avoir pété les plombs à leur travail». Cette dégradation se constate à tous les niveaux: la conduite du personnel, les horaires de travail, les conditions de travail, la reconnaissance du travail, les conditions salariales, le respect de l’être humain, etc.

La conduite du personnel se fait par l’intermédiaire de chefs d’atelier, auxquels on a subordonné quelques responsables d’équipe. Ces chefs et ces responsables sont de plus en plus mal formés à leur tâche principale. Ils connaissent très mal les outils de production et ne sont pas suffisamment dans leur atelier au contact du personnel. Ils ne possèdent au surplus – ce qui devrait être leur principale qualité – aucune autorité naturelle de commandement. Ils n’ont pour seul objectif que d’imposer sans discussions à leurs ouvriers d’invraisemblables méthodes qui leurs sont dictées par la hiérarchie, afin d’augmenter la productivité.

Le travail se fait en équipes alternées. Une semaine, le travail commence à 5 heures, la semaine suivante il se termine à 22 heures. Le rythme de vie de l’individu s’en trouve très sérieusement perturbé et certaines personnes, même après plusieurs années, ne s’y habituent toujours pas. Il est difficile d’avoir une vie familiale. Le maintien de l’harmonie du couple et de la famille est sacrifié à la réalité économique. L’éducation des enfants devient très problématique. La vie associative est quasiment impossible.

Les conditions de travail sont de moins en moins supportables. L’augmentation des cadences et les modifications des méthodes de travail imposées au personnel ne tiennent aucunement compte de l’expérience et du savoir-faire de ce dernier. La flexibilité qui lui est demandée n’a plus de limites. Les personnes, sous prétexte de polyvalence, sont régulièrement déplacées d’un atelier à un autre, sur une autre machine, sans y avoir été au préalable suffisamment formées. Les pertes de productivité qui en découlent sont tout naturellement mises à leur charge. Les pauses alternées ont remplacé celles qui taient prise en commun. En dépit de toute logique commerciale, les stocks sont de plus en plus diminués. Les délais de livraisons s’en trouvent par conséquent augmentés au détriment des clients.

Dans un système de travail en équipes alternées, les heures supplémentaires que l’on ordonne ne peuvent se faire que le samedi ou le dimanche. C’est aux salariés de se mettre en totale disponibilité pour «LA bonne marche de l’entreprise». Les ouvrières et les ouvriers sont constamment sous pression. L’organisation de leur vie hors travail dépend des rythmes imposés par cette dernière.

Les salaires, au demeurant très bas, ne récompensent plus le mérite et le labeur souvent très difficile. La reconnaissance et la considération du travail accompli, le respect de la dignité n’existent plus. L’être humain est rabaissé au rang de «simple outil de production».

Voilà quelques-unes des principales raisons qui doivent inciter l’ensemble des salariés à revendiquer avec force l’amélioration de l’ensemble des conditions de travail. Les moyens pour y parvenir sont multiples. Cependant, une chose est sûre: ce n’est que par la constance de la lutte et du combat de toutes les travailleuses et tous les travailleurs au travers d’une grande solidarité, que nous y parviendrons.

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