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Décembre 2006
La Terre en héritage, quel avenir pour notre planète
Auteur : Dominique Touzet

Tel était le titre de la conférence donnée le 16 octobre dernier par le professeur Jean-Marie Pelt, président fondateur de l’Institut européen d’écologie, dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’Université populaire de Martigny.

. Sur le ton de la causerie, J.-M. Pelt nous convia à imaginer ce que sera, sur la planète Terre, l’environnement d’un petit garçon né aujourd’hui lorsqu’il aura l’âge de 60 ans. Alors qu’il y a 60 ans on vivait dans les campagnes à peu près de la même manière qu’il y a 1000 ans, il s’avère aujourd’hui tout à fait impossible de se livrer à ce genre de prospective tant l’accélération du progrès technologique est importante. Une chose est sûre cependant: il n’y aura plus ni pétrole, ni gaz, ni uranium. Si l’on rapporte en terme d’hectares la consommation annuelle de chaque habitant de cette Terre, il a été établi qu’un Américain utilise 12 hectares, un Européen 6, un Africain 0,6 et qu’ainsi depuis les années 80, la consommation des terriens excède une planète. Avec l’éveil de la Chine qui représente un sixième de la population mondiale et qui a d’ores et déjà fait disparaître la forêt du sud-est asiatique, on peut s’attendre à ce que cette consommation représente dans 60 ans 5 planètes pour une population mondiale d’environ 9 milliards.

Le réchauffement de la planète qui résulte de toutes ces activités, et que l’on constate déjà, atteindra 6,7° et sera assorti de cyclones plus fréquents et plus violents ainsi que de canicules irrespirables et d’une grande désertification.

On peut affirmer aussi que ce petit garçon ne sera guère attiré par les jeunes filles lorsqu’il aura atteint 18 ans. Nos corps sont emplis de molécules chimiques plus ou moins dangereuses pour notre santé. Les femmes s’en libèrent pour partie à l’occasion de chaque maternité mais au détriment des générations futures… ces molécules et notamment celles en provenance des pesticides sont responsables de la baisse de fertilité masculine que l’on observe déjà. Ajoutons à cela que les eaux recyclées ne parviennent pas à éliminer certaines substances comme les hormones des contraceptifs (pilule)!

Après ce triste constat, J.-M. Pelt nous redonna espoir en abordant ce qui constitue pour lui la chance de l’écologie, à savoir le développement durable. En effet, notre économie, notre façon d’appréhender la réalité reposent actuellement sur un modèle de la nature qui est celui développé par Darwin: il est fondé sur la compétition, l’élimination des plus faibles. Or certains biologistes qui n’ont pas été entendus montrent un autre modèle où coexistent la complémentarité, l’osmose, la coopération, l’émulation. L’économie actuelle puise dans les ressources naturelles, produit, rejette les déchets. L’économie solidaire utilise sans gaspiller les ressources naturelles, produit et recycle ses déchets. Cette nouvelle approche suppose un changement radical des mentalités. Notre environnement politique et audiovisuel utilise pour s’exprimer un langage guerrier plein de violence, reflet de cette approche darwinienne. Théodore Monod, que notre orateur a rencontré peu de temps avant sa mort, ne voyait de ce fait aucun avenir pour l’humanité. J.-M. Pelt, plus optimiste, espère que la prise de conscience d’un nombre croissant de personnes animées par le désir de coopérer, le bon sens, le respect et l’amour de l’autre renversera cette tendance.

C’est à nous et maintenant qu’appartient l’avenir de l’homme car, autre certitude, il n’y a pas d’autre lieu habitable dans notre proche univers.

Merci à l’Université populaire de Martigny de nous avoir permis de partager les réflexions d’un scientifique de cette qualité pour qui la maxime «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme» de Rabelais est au centre des préoccupations.

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